EnglishEspañolFrançais

Le lithium du Chili dans la mire du Canada, quoi qu’il en coûte

Source: 
Libre Média

Soutenues par Ottawa, des entreprises canadiennes ont adopté une approche prédatrice en Amérique latine pour exploiter des ressources comme le lithium, souvent sans considération pour les peuples autochtones

Par Henri Chevalier, Libre Média

«Le secteur du lithium en Amérique latine est dominé par des entreprises canadiennes, australiennes et européennes avec des conséquences socio-écologiques désastreuses», lâche Jamie Kneen, spécialiste des enjeux liés à l’industrie minière.

Depuis que l’Accord de libre-échange Canada-Chili est entré en vigueur en 1997, les entreprises canadiennes, soutenues commercialement et diplomatiquement par le gouvernement canadien, se sont organisées pour contrôler une proportion importante du secteur minier chilien, notamment dans l’extraction du lithium. 

Selon Jamie Kneen, le constat est clair: la place économique du Canada au Chili dans la course du lithium, crucial pour une «économie verte», s’est construite sur le dos des peuples autochtones locaux ainsi que des écosystèmes fragiles du Chili.

Une demande explosive

«La demande de lithium a explosé en réponse aux politiques qui poussent pour l’électrification, en particulier pour les transports», explique Jamie Kneen. 

Et la demande ne fera que s’accélérer: en 2021, on parle de 500 000 tonnes de carbonate de lithium en 2021 qui pourraient se transformer en une demande de 3 ou 4 millions de tonnes d’ici 2030. 

73% de la demande de lithium provient actuellement de la production de batteries de voitures électriques, contre 30% en 2015. En 2030, la production de batteries électriques pourrait être à l’origine de 95% de la demande de lithium, selon la firme McKinsey.

À présent, selon le US Geological Survey, 53,8 millions de tonnes de lithium seraient éparpillées à travers le monde, dont 58% en Bolivie et 27% en Chine. Les trois pays qui extraient le plus de lithium sont l’Australie (55%), le Chili (26%) et la Chine (14%), suivis par l’Argentine et le Brésil.

Le potentiel du Chili qui profite au Canada

En Amérique latine, on retrouve «le triangle du lithium» constitué par l’Argentine, la Bolivie et le Chili qui sont riches en grands lacs salins, autrement appelés salars, où le sel de lithium est produit, précise notre interlocuteur avec Libre Média.

Dans ces salars, situés dans le nord du Chili, on retrouve des gisements de lithium, mais aussi de potassium, de bore et de sodium, tous d’intérêt économique.

«Les entreprises canadiennes sont très présentes dans l’industrie minière du Chili, du cuivre au lithium», souligne Jamie Kneen.

Selon les données de la Chilean Copper Corporation (COCHILCO), 23 % du portefeuille total d'investissements miniers pour la période 2020-2029 est issu des firmes minières canadiennes, lesquelles sont de loin la principale source d'investissement, juste derrière les entreprises chiliennes.

Et selon le rapport de MiningWatch Canada, en 2019, le Chili était le deuxième pays, après les États-Unis, avec les plus grands actifs miniers canadiens. 53 minières canadiennes sont actives au Chili.

Le bras d’Ottawa 

«Le gouvernement canadien offre de l’aide commerciale et diplomatique aux entreprises minières basées au Canada pour leur permettre d’obtenir des permis d’exploitation et de trouver des failles dans le cadre réglementaire des pays d’Amérique latine», met en lumière le co-manager de MiningWatch, ONG dénonçant les impacts de l’industrie minière canadienne.

Des diplomates canadiens et des lobbyistes d’entreprises minières font pression ensemble sur des ministres et chefs d’État étrangers afin de favoriser une législation favorable au capital canadien.

C’est surtout le cas lorsque les revenus des entreprises minières canadiennes sont menacés par des possibles politiques protectionnistes ou exigeantes en matière de réglementation socio-environnementale. 

En 2019, l’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs, soutenue par Ottawa, a organisé un congrès où le gouvernement chilien a signé avec le ministre canadien des Ressources naturelles une nouvelle entente pour développer massivement des projets miniers d’entreprises canadiennes au Chili.

....

Lire l'article complet ici