Amos – Quelques heures avant la « discussion publique » du Premier Ministre Justin Trudeau avec des employés de Sayona [Mining] » à La Corne, en Abitibi, le Comité citoyen de protection de l’esker affirme que cette mauvaise campagne de relations publiques ne fait que ternir davantage l’image du Canada minier à l’international.
Le Premier ministre aurait difficilement pu trouver un pire promoteur pour afficher son soutien à l’industrie minière.
Sayona Mining est une compagnie junior qui, depuis son arrivée au Québec il y a moins de dix ans, se spécialise dans le développement et la récupération de projets miniers controversés qui évitent les évaluations environnementales, menacent les eskers et l’eau et divisent les communautés locales. Bris d’engagement envers la population, discours écoblanchissant, manque avoué de moyens financiers pour remblayer ses projets de fosses à ciel ouvert, dissimulation et minimisation d’informations critiques, manque de respect envers la Première Nation de Longue Pointe, taux de roulement étourdissant des responsables des relations communautaires… la course que Sayona Mining mène n’est pas celle du lithium « de l’avenir » mais bien celle de la collection des drapeaux rouges.
Empêtré dans un scandale concernant sa tolérance alléguée envers la Chine, le Parti libéral du Canada aurait mieux fait de se tenir loin du site North American Lithium qui continue d’exporter depuis des années son minerai en Chine. La compagnie multinationale Sayona Mining, qui détient son siège social en Australie, a racheté les droits de la mine aux sociétés chinoises Jien International et CATL. Cette mine n’a jamais été assujettie au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement et a un historique de millions de litres de contaminants déversés dans l’environnement.
En entrevue ce matin à l’émission de Radio-Canada Des matins en or, le Premier ministre Justin Trudeau a brandi sans gêne le mythe que le Canada est un « leader dans la création de mines propres ». Encore une fois, il n’aurait probablement pas pu trouver un pire endroit pour balancer un oxymore aussi dénué de sens. Depuis bientôt un siècle, la région suffoque sous les émissions cancérigènes de la Fonderie Horne et carbure sur l’exploitation de l’or, un métal archi-polluant, quasiment inutile à la lutte contre la crise climatique et qui, par la place centrale que les gouvernements lui confèrent dans la région, inhibe toute opportunité de réelle « transition » respectueuse de l’environnement.
Toute opération de marketing politique qui ne reconnaîtrait pas les sévices historiques de l’industrie minière envers le territoire et qui ne proposerait pas de plan concret de sortie planifiée du modèle extractiviste dominant maintient l’emprisonnement de l’Abitibi dans son rôle de colonie-comptoir, de grenier de ressources naturelles destinées à enrichir les plus nantis en aggravant la biodiversité et le climat.
Si le gouvernement fédéral veut réduire rapidement et concrètement les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports, qu’il investisse massivement en transports en commun et dans la protection des forêts et qu’il inverse l’étalement urbain, au lieu de se pavaner avec une compagnie minière de lithium multinationale controversée qui justifie ses atteintes à l’environnement et au tissu social par la multiplication du parc automobile individuel.
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Pour information:
Me Rodrigue Turgeon, Co-porte-parole du Comité citoyen de l’esker, 819-444-9226, [email protected]